sociale émerge au cours de la première moitié du XIXe siècle comme un impératif majeur, tandis que les conflits sociaux risquent jour après jour de plonger le peuple français dans les exubérances d’une nouvelle grande révolution. En rupture avec l’école des partisans de l’intervention de l’État, de nombreux économistes et philanthropes font valoir en ce début de siècle le mérite supérieur de l’initiative individuelle. En 1818, c’est de l’initiative individuelle que naît la première caisse d’épargne, ouverte à Paris par Benjamin Delessert et le duc de La Rochefoucauld-Liancourt. Sa mission est de propager dans les classes laborieuses les vertus de l’épargne et de la tempérance, offrant à leurs surplus de salaire une destination plus noble que le cabaret ou la loterie. Par l’épargne, soulignent les économistes, l’ouvrier peut se protéger contre les aléas de la maladie ou du chômage ; il peut se constituer un capital lui permettant d’améliorer sa condition et de se mettre à son compte. Repoussée par le groupe des réformateurs sociaux qui ne rêvaient que refondation sociale et transformation de l’âme humaine, la caisse d’épargne trouva dans d’autres penseurs sociaux, attachés à la liberté individuelle et à la responsabilité individuelle, de zélés défenseurs. Pendant un siècle, tour à tour entravées, aidées, puis récupérées par les pouvoirs publics, les caisses d’épargne offriront l’exemple d’une réponse privée et philanthropique à la question sociale. Dans ce recueil ont été réunis les principaux écrits des économistes français sur la question des caisses d’épargne, de leur fonction et de leurs succès. Ils offrent un panorama riche, fécond en idées nouvelles, pour quiconque souhaite penser la banque, l’épargne et la pauvreté hors des sentiers battus.

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